L’importance de la biomécanique en orthodontie : Interview avec le Pr Gilles Bourgoin, enseignant à l’ESO.

Temps de lecture : 4 min
25 mars 2025

Pr Bourgoin, pouvez-vous vous présenter ?

Je m’appelle Gilles Bourgoin. J’ai commencé mon parcours en allant à l’étranger, à l’université de Montréal où j’ai fait mes études et également à l’université d’Indianapolis, où j’ai eu la chance d’être l’étudiant du professeur Burstone, qui était, comme vous le savez, le pape de la mécanique orthodontique. Ensuite, je suis revenu à Paris, en France, où j’ai ouvert un cabinet et où j’ai été professeur à l’université de Paris V. J’étais déjà en train de parler de biomécanique. Je l’ai fait pendant des années, et quand j’ai vendu mon cabinet et quand j’ai arrêté de travailler à la fac, j’ai ensuite été contacté par le docteur Aknin qui m’a demandé si je voulais continuer ce type d’enseignement dans le cadre de son école. Et donc depuis ce temps, je fais les cours de mécanique une quinzaine d’heures à peu près dans le cursus de l’ESO. Au début, on parle des principes généraux et puis après, j’essaie de donner beaucoup d’exemples pratiques pour voir en quoi la mécanique peut être utile dans le cadre des traitements orthodontiques de tous les jours.

Comment avez-vous choisi d’enseigner à l’ESO ?

Alors je suis arrivé à l’ESO et le Dr Aknin m’a demandé si j’étais intéressé. Il se trouvait que j’avais plus de temps puisque j’avais vendu mon cabinet et que maintenant je n’avais plus que d’activité orthodontique direct et que l’enseignement à la fac était terminé aussi pour les mêmes raisons. J’ai accepté parce que j’aime bien faire de l’enseignement. J’aime bien la mécanique orthodontique, donc ça me fait plaisir.

Qu’est-ce que la biomécanique ?

C’est l’étude de la mécanique, de l’effet de la mécanique sur les tissus. Ce n’est pas de la mécanique pure. C’est-à-dire que la mécanique pure, c’est totalement abstrait. Alors que là, il va y avoir une réaction tissulaire qui va modifier un petit peu les résultats théoriques.

Pourquoi la biomécanique est importante pour éviter les échecs ?

Je dirais qu’un échec est utile. Si vous avez un cas qui ne marche pas et tout le monde en a, il est souhaitable de chercher à comprendre pourquoi, c’est-à-dire de décortiquer la raison des déplacements pour pouvoir dans un traitement similaire ultérieur ne pas faire la même erreur. Et donc c’est de cette manière que la mécanique peut-être soit préventive en ayant prévu ce qui va se passer soit curative, en essayant d’éliminer pour une autre fois les raisons de l’échec.

Quels sont les progrès en biomécanique ?

Il n’y a pas d’outil en biomécanique, il y a le cerveau, éventuellement le papier et le crayon si on n’a pas trop l’habitude. Alors donc les progrès ? Non, parce que les principes mécaniques sont intangibles. Ils datent de quand on peut remonter à Newton et il n’y a pas de raison qu’ils changent dans les prochains millénaires. Par contre, évidemment, ce qui change, c’est l’application de ces principes. Par exemple, les taquets dont nous parlions tout à l’heure : les taquets sont utilisés dans le cadre des traitements par gouttières. Autrefois, il n’y avait pas de traitement par gouttières. Et donc évidemment, on ne s’en préoccupait pas. Maintenant la position et le choix de la position des taquets est lié à une nouvelle technique et on a cherché à comprendre comment ils agissaient. Donc en fait ce ne sont pas les principes qui ont changé, c’est l’application sur certaines techniques. Quelle que soit la nouvelle technique, si elle utilise ces principes, ces principes sont toujours valables.

Qu’est-ce que sera pour vous l’orthodontie de demain ?

À mon avis, il y a deux voies dans l’orthodontie. Il y a d’une part une voie de plus en plus standardisée, pour laquelle on fait appel aux techniques modernes de prise d’empreinte optique, de montage au laboratoire et qui fournissent aux praticiens un outil qui est préréglé et ça, ça marche bien pour la plupart des cas standard. Et il y a une autre catégorie de cas qui sont des cas très difficiles. Les cas asymétriques, les cas mutilés. Il manque des dents et on ne peut pas utiliser les réglages normaux. Et pour ces cas-là, chaque cas doit être personnalisé et il faut rechercher la meilleure solution et elle n’est pas dans les logiciels qui sont fournis dans le commerce. Et donc là, il faut à la place vous servir de votre cerveau et de la mécanique.

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