Interview du Dr Aknin dans CNSD

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La transmission au service de l’émulation En octobre 2014 s’est ouverte à Paris une école privée d’orthodontie, l’ESO. Après six mois d’exercice, nous avons voulu savoir où en était cet enseignement pour le moins original. À qui s’adresse-t-il ? Quels sont ses objectifs ? Est-il en concurrence avec la formation universitaire des spécialistes ? Nous avons rencontré son créateur, le docteur Jean-Jacques Aknin, ancien enseignant de l’université de Lyon.

Quelques mois après la création de l’école d’orthodontie de Paris, où en êtes-vous ?

Nous avons ouvert en octobre avec 20 étudiants chirurgiens-dentistes bien sûr, après avoir reçu des centaines de candidatures de France et des pays francophones. La première promotion a commencé son enseignement le 30 septembre 2014 dans l’enthousiasme. Je suis entouré d’une équipe pédagogique très solide, constituée d’enseignants universitaires confirmés.

Le nombre de formations se multiplie en ODF. Comment vous situez-vous par rapport à la concurrence ?

Nous ne sommes pas en concurrence avec les autres formations. Nous offrons une alternative à l’enseignement de l’internat pour les confrères qui ne peuvent plus suivre cette formation académique. Nous nous positionnons plutôt comme un CECSMO privé, avec le but avoué de créer une formation d’excellence et de réaliser un véritable changement de paradigme : former de bons praticiens en leur apportant un contenu théorique et pratique complet ainsi qu’un suivi clinique des patients en cours de traitement. Il existe différentes philosophies thérapeutiques en orthodontie ou « écoles ». L’ESO enseigne une approche que j’ai moi-même mise en place et évoquée dans nombre d’articles scientifiques depuis plusieurs années : la thérapeutique DAC. Parmi toutes les formations en orthodontie, nous sommes les premiers à revendiquer ce nom d’ « école », et à créer une formation ambitieuse sur trois ans qui donnent les moyens aux étudiants de maîtriser les connaissances théoriques, pratiques et cliniques nécessaires à l’exercice professionnel de l’orthodontie.

Quelles sont vos motivations personnelles et vos ambitions pour ce centre de formation ?

L’enseignement est pour moi une passion, c’est donc ma première motivation. Toute ma carrière universitaire a été consacrée à l’enseignement du CECSMO, j’en ai conçu les programmes et j’y ai dispensé de nombreux cours. En tant qu’ancien président de la SFODF, et membre du comité directeur de l’ADF, j’ai tout au long de ma carrière œuvré pour la diffusion du savoir scientifique et clinique. Être un bon praticien n’est pas suffisant pour savoir communiquer ses connaissances. Le travail d’enseignant est une véritable profession en soi, il est le fruit d’une expérience profonde de communication et de diffusion du savoir, associé à une expérience clinique très large et multidisciplinaire. Il faut enseigner les méthodes, prévenir des pièges, et apprendre de ses erreurs. Nous souhaitons ensuite répondre à un besoin de santé publique : nous manquons d’orthodontistes en France. Enfin, nous voulons assurer la formation continue qui est une obligation professionnelle. De nombreux dentistes ont souvent envie à un moment de leur vie d’élargir leurs connaissances, de sortir un peu des quatre murs de leur cabinet. J’ai moi-même été dentiste, puis, j’ai cédé mon cabinet d’omnipratique pour passer le CECSMO à Paris VII et entrer dans le corps professoral !

Qu’est-ce qui motive de jeunes chirurgiens-dentistes (ou moins jeunes d’ailleurs) à se lancer dans une formation qui dure trois ans ?

D’abord, d’un point de vue pratique, les études à l’ESO sont compatibles avec une pratique en cabinet. Les cours sont organisés une semaine par mois. Les facteurs qui motivent nos étudiants sont multiples :

  1. il y a le besoin d’apprendre, de se stimuler intellectuellement dans un domaine en pleine révolution scientifique, ainsi que
  2. l’envie de comprendre, de réfléchir sur de nouvelles approches thérapeutiques assistées par une révolution technologique qui apparaît avec l’ère du numérique.
  3. Il y a ensuite le besoin de communiquer : dans nos cabinets, nous travaillons en solitaires et éprouvons un besoin réel de communiquer et confronter nos idées. Les études créent des liens : les ex-étudiants ont constitué des groupes de travail sur Facebook, ils se communiquent les cas, ils s’encouragent.
  4. Enfin, la pénurie d’orthodontiste dans certaines régions est aussi une motivation non négligeable : celle d’un exercice valorisant auprès d’une population très demandeuse.

Et après l’ESO ?

L’objectif pour eux est de garder cet esprit d’équipe qui leur est insufflé pendant leur formation. Ensuite, ils peuvent encore présenter les cas cliniques qui leur posent problèmes. Nos équipes réfléchiront avec eux pour choisir la stratégie thérapeutique la mieux adaptée, optimisée et individualisée à leur patient. Nous dispensons également des conseils pour leur installation et allons créer un réseau favorisant leur placement.

En quoi l’ESO est-elle réellement différente ?

Nous avons un positionnement très particulier. Nous cassons les moules. Le privé donne une liberté dont j’use avec gourmandise : notre programme se calque vraiment sur les priorités de demain. Nous mettons au programme les thérapeutiques de traitement les plus sophistiquées : orthodontie rapide, DAC, vis d’ancrage, plaques vissées, le numérique pour des traitements chirurgicaux peu invasifs, Invisalign®, les techniques linguales, etc. Enfin, le partenariat avec la « Boston University » donne une dimension internationale à la formation avec une expérience dans l’une des plus grandes facultés dentaires au monde.

Comment voyez-vous l’avenir de l’ESO ?

Nous nous inscrivons dans le cadre de la formation continue obligatoire pour les médecins et les chirurgiens-dentistes ; nous avons l’ambition et les moyens de diffuser un enseignement de qualité, notre objectif est d’élargir les équipes d’enseignants, de les former pour des méthodes précises de pédagogie et de donner une formation clinique à nos élèves qui feront d’eux d’excellents praticiens de l’orthodontie.

Version imprimée de l’interview